J’accueille l’extraordinaire !

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J’accueille l’extraordinaire ! (et je réponds à l’appel de Stéphane Allix*) 

Lors de mes études de psychopathologie, mes professeurs balayaient d’un revers de main les expériences paranormales, les classant toutes, de facto, dans le domaine du délire, des hallucinations. Seul un professeur a osé nous parler d’expériences transcendantales, d’éveil de Kundalini ou d’expériences hors du corps. Je ne le remercierai jamais assez. Depuis, j’ai rencontré des personnes qui vivent au quotidien avec la perception de défunts atours d’eux, j’ai rencontré des gens qui parlaient aux animaux, d’autres qui m’ont expliqué qu’ils avaient vu ou entendu une personne chère juste après son décès, etc. Quel est le point commun de toutes ces expériences ? Elles sont (prétendument) extraordinaires. Pourtant, je suis persuadée que si je faisais un sondage aujourd’hui, tout le monde pourrait raconter une expérience de ce type. Car chacun a déjà vécu quelque chose qu’il qualifierait d’irrationnel,  de paranormal, et ne sachant pas comment l’appréhender ni quel sens lui donner, il aura choisi de la mettre quelque part au fond d’un placard.

Tout le monde le vit, chacun est persuadé d’être le seul à vivre cela, alors personne n’en parle… Cela ressemble à s’y méprendre au résultat d’un tabou sociétal, lui-même hérité d’une vieille chasse aux sorcières… Les sorcières incarnant le mystère, le mysticisme, la magie et ce qui fait peur à l’être humain en général : l’inconnu.

Alors oui, je le dis haut et fort : j’accueille l’extraordinaire. Pour l’avoir moi-même expérimenté, j’accueille les récits de voyages astraux, les vécus de mort imminente, les gens qui voient des défunts, qui entendent des voix, qui pensent devenir fous et se taisent, et dont le silence finit par les empêcher de vivre. Je suis une professionnelle du psychisme, je peux faire un diagnostic différentiel et déterminer si votre expérience relève d’une expérience paranormale ou d’une hallucination. Mais, plus important, je peux vous accompagner pour continuer à vivre AVEC ces expériences, à les reconnaître comme « normales » plutôt que « paranormales ». Je déplore la pratique des psychologues qui ne sont pas ouverts à l’extraordinaire et ignorent des expériences déroutantes, non pas parce qu’elles déroutent leur patient (ce qui est logique), mais parce qu’elles les déroutent eux-mêmes et qu’ils ne savent pas quoi en faire. Notre rôle est d’accueillir le sujet dans ce qu’il vit, peu importe si cela nous parle ou non. A nous de faire un travail sur nous-mêmes afin de guérir le rapport que nous avons avec l’extraordinaire, l’irréel ou le paranormal. A nous de rester professionnel(le) et d’entendre que si quelqu’un qui voit des défunts, cela est suffisamment déstabilisant pour que cette personne ait l’impression de devenir folle et qu’elle ait besoin de notre soutien dans ce qu’elle vit. Inutile donc de rajouter de la difficulté en ignorant son vécu ou en le rabattant du côté de la pathologie. Je pense également qu’une expérience paranormale peut, de part son côté irrationnel et extraordinaire, mener à une décompensation, l’expérience venant déborder les capacités d’adaptation et d’intégration du psychisme. Au professionnel donc de faire la part des choses dans le vécu de son patient, afin de ne pas lui voler une partie de son expérience (en la classant comme délire par exemple) et ainsi le priver du sens qu’il a besoin de mettre sur cette expérience.  Une petite fille est arrivée un jour en consultation pour « hyperactivité », et a confié à sa psychologue qu’elle pouvait déplacer les objets par la pensée. La petite fille a accepté de lui montrer en faisant bouger un stylo rien qu’en le regardant.[i] On peut comprendre le désarroi de cette enfant, dotée d’une capacité extraordinaire dont personne ne parle ni même n’imagine, qui se retrouve seule à devoir gérer (ou même cacher) ce qu’elle sait faire pour ne pas se faire montrer du doigt… Ce  genre de phénomène est certainement bien plus répandu qu’on veut bien le croire, et pour cause, en fermant les yeux sur ces réalités nous empêchons les enfants et les adultes d’accueillir avec joie les messages que l’invisible peut parfois nous apporter.  

@Tiffany

[i] In « Inexploré n°56» INREES, Article « J’accueille l’extraordinaire » par Carine Anselme

* Stéphane Allix est fondateur de l’INREES, institut de recherche sur les expériences extraordinaires

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